Lille en gris

Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas.

Aujourd'hui, il fait froid et personne ne pousse la porte du "Pain dorée". Dix degré, c'est tout ce que l'on peut espérer de la journée. Les gens vaillent dans la rue. Les propriétaires chantonnent sans conviction pour réchauffer l'atmosphère. La radio braille des chansons que je ne connais plus.

A Lille, aujourd'hui, le temps s'est arrêté.

Les SDF sont en pause déjeunée Certains ont laissé là couvertures, cartons et sacs, d'autres mangent sur place. Une femme garde près d'elle quatre wrap dans un carton en attendant de finir le sien.

C'est plus frappant de parler d'une femme SDF et pour cause, c'est surtout des hommes que l'on voit dormir dehors. Les femmes ont aussi des enfants, surtout quand elles sont roms.

A Lille, le fléau est l'alcool. Les rues sont sales, des bouteilles de champagne, de crémant, de bière, trainent devant les portes classent. Dès seize heures, beaucoup de passants de la rue Gambetta se sentent obligés d'être saoule.

Ah, l'SDF d'en face est revenu du restaurant où il a déjeuner. Il prépare son café, très sucré, le sourire aux lèvres. Il s'emballe dans les couvertures et se sert d'un carton comme table de chevet. C'est reparti jusqu'à ce soir. La rom et sa fille sont réparties vers d'autres contrées. Deux hommes aux visages burins passent, une bière à la main.

Dans le métro, il n'est pas rare de rencontrer un SDF saoule à sept heure du matin.

Belle rue Gambetta, ai-je dit plus haut. Belle d'ensemble. Lorsque l'on ne s'y promène pas. Certains mètres sont irrespirables. Endroit-toilettes des passants sans honte ni pudeur.

Un papy sur un banc, fait son nez allègrement. Sur un autre, une femme se gratte massivement la paume de la main, les sourcils foncés et le regard concentré sur un ailleurs.

Il fait froid, il y a du vent et aucun signe de verdure sur les arbres qui semblent morts. Le vingt sept avril, plus aucun signe du beau temps s'il y a deux jours.